Les résultats des élections régionales ne sont, bien entendu, pas à la hauteur de nos espérances. Il faut regarder la réalité en face; c'est un cruel échec.
Au lendemain d'une telle déroute, il est indispensable de s'interroger sur les raisons de celle-ci et identifier les erreurs à ne pas recommettre dans 4 ans.
1- Bien qu'elle se targue d'une éclatante victoire, la Gauche n'a pas plus que quiconque à se réjouir de l'abstention. Avec 45% de participation, le seul parti gagant est celui des abstentionnistes.
Avec modestie et courtoisie, Madame Frédérique CALANDRA, Maire du XXème, en proclamant les résultats définitifs de l'arrondissement a très justement alerté tous les Démocrates face à un phénomène qui ne profite qu'aux extrêmes. Constatant la baisse de l'influence de la Droite et du Centre en nombre de voix, on peut objectivement conclure que ce sont les électeurs traditionnels de la Majorité Présidentielle qui ont le plus massivement boudé les urnes, tandis que les sympathisants de Gauche, plus disciplinés ou plus motivés, se sont exprimés. Ceci met en évidence une problématique qui sera développée ultérieurement
2- Malgré ses divisions, son absence de programme, et de sordides tractations de dernière minute conclues la nuit tombée pour la fusion des listes PS, Europe Ecologie et Front de Gauche, la Gauche a mieux réussi à convaincre les électeurs que la coalition de la Majorité Présidentielle qui s'était rassemblée autour d'un vrai programme défendu par tous.
Le "TOUS CONTRE SARKOZY !" a mieux été perçu que le programme élaboré et réaliste de Valérie PECRESSE. Nous verrons bien comment fonctionnera ce curieux attelage PS-EE-FdG dont les membres ne sont d'accord sur rien, à l'exception du partage des places et des indemnités. Monsieur HUCHON va pouvoir sommeiller encore pendant 4 ans sauf si Mme DUFLOT lui chante sa propre partition à l'oreille.
3- Les listes de la Majorité Présidentielle, élaborées sans la moindre consultation de la base ni des responsables locaux des différents mouvements, n'a pas non plus séduit. Une liste composée de personnalités ayant déjà des mandats, de professionnels de la politique, de fidèles redevables, n'a pas créé l'enthousiasme et même dans certains cas, poussé à l'abstention (voir § 1)
De plus, la surreprésentation des arrondissements de l'Ouest par rapport aux arrondissements de l'Est accentue la fracture entre les "deux Paris" . Ceci n'est pas le fait du hasard, la liste parisienne n'a pas été ordonnée à la loterie. Ceux qui sont en responsables doivent maintenant apporter des explications.
Cette défaite n'est pas non plus un accident, elle va dans la continuité sur la voie de l'échec récurrent depuis la faillite municipale de 2001. Certains responsables étaient déjà en place à cette époque. Il est temps de changer de décisionnaires afin de mettre en panne la machine à perdre.
Les prochaines échéances sont les élections présidentielles de 2012. Certaines et certains en rêvent déjà, avec des cas particuliers qui ne pensent qu'à cela depuis 2007. Comme si le pays n'avait pas besoin d'être dirigé et réformé sans eux.
Entre-temps, espérons que les nouveaux Conseillers Régionaux ne se limiteront pas à recevoir leurs indemnités mais qu'ils auront aussi le soin d'informer les Parisiens de leurs actions. Ce n'est ni le cas des Parlementaires, ni des Conseillers de Paris, ni des Députés Européens élus l'année dernière. Ce mépris des électeurs a reçu sa traduction dans les urnes dimanche 21 mars 2010.
Quelques idées qui peuvent intéresser vos correspondants ?
Merci à ceux qui ont réagi à mes humeurs à propos de la taxe carbone. Tous ont exposé des arguments sérieux que je vais tâcher de résumer, en les commentant.
1. Une taxe française est dangereuse si nous ne sommes pas suivis par nos partenaires européens : cette objection des sceptiques de l'UMP ne manque pas de bon sens. Cependant Sarkozy avait compris la nécessité d'agir pour donner l'exemple et entraîner les autres, malgré l'échec de Copenhague. Son revirement récent, destiné à satisfaire une droite frileuse, n'est pas un bon signe pour l'avenir : à son niveau, on doit faire ce qu'on a dit. Je comprends le désarroi de Chantal Jouanno.
2. Le retrait (ou le report ?) de cette mesure "usine à gaz" arrange aussi le PS : oui, mais est-ce le but ? On s'accorde plutôt à penser, à tort ou à raison, que Sarkozy donne un coup de barre à droite pour rassurer son électorat.
3. Peu pollueuse en CO² grâce au nucléaire, la France doit améliorer sa compétitivité médiocre avant de jouer au bon élève : très juste. Mais il est dommage que le gouvernement ne s'en aperçoive qu'après un échec électoral, et après tant d'efforts en sens inverse : gâchis.
4. D'une façon générale, il ne faut pas céder aux écolos : juste, mais à nuancer. Il faut tenir compte de leurs idées quand elles sont bonnes et rendre l'UMP un peu plus ouverte à l'écologie. Ne pas céder sur le nucléaire, bien entendu. Les OGM ? j'ai un petit doute (risque pour la biodiversité).
5. Il faut poursuivre les réformes : c'est mon avis. Mais il faut les rééquilibrer selon les besoins des Français, y compris les moins riches et les démunis.
6. Mes propres réactions traduiraient un agacement devant la personnalité de Sarkozy : non, pas exactement.
Ma critique, au-delà de la taxe carbone, vise le système. Je regrette la distinction antérieure, plus claire, des rôles du président et du premier ministre. Je déplore le lien étroit établi entre le chef de l'Etat et un parti unique, lorsqu'à l'origine l'UMP a été conçue comme Union pour une Majorité Présidentielle. Depuis lors un président issu de l'UMP, malgré sa personnalité, n'est plus un arbitre au service de l'Etat et de tous les Français : il n'est qu'un "exécutif", affaibli à la fois par ses bourdes et celles du parti. Utopie ? Non, car on a connu jadis des présidents plus autonomes.
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Et maintenant ?
Pour qui voterons-nous en 2012 : pour une personne (son aptitude à la présidence, au discernement et à un minimum d'impartialité), pour un programme (à condition d'y croire...), ou pour un parti ? Interrogeons-nous dans l'intérêt du pays.
Demandons-nous d'abord pourquoi l'abstention a gagné. L'un de vous parle de jemenfoutisme, mais la crise l'explique mal et je crois que c'est plus grave : c'est de la défiance. Et de la colère, marquée par la remontée du FN.
Pourquoi Aubry et DSK deviennent crédibles, quoique de gauche.
Pourquoi le crédit de Sarkozy s'est effrité au profit de Fillon (c'est peut-être moins une affaire de caractère que de méthode - seul au pouvoir, on subit seul son usure) : un magnifique tapis rouge pour de Villepin...
Demandons-nous enfin comment Sarkozy, dont la réussite en politique étrangère est exemplaire et capitale, devra agir pour recouvrer une confiance perdue. Changer bientôt de premier ministre ? Cela n'arrangerait rien. Fillon est trop loyal pour être un bon "fusible".
Et n'ayons pas peur d'en parler : il n'y a pas de honte à avoir des idées.
Bon courage. Bien amicalement à tous, JM Chauvin
Rédigé par : Jean-Marie Chauvin | 26 mars 2010 à 11:32