Elodie MARCHAND : Pascal, tu as l'air bien joyeux. Est-ce le résultat des élections qui te donne ce large sourire ?
Pascal MAS : Bien sûr. Et comme l'a justement dit le Président de la République, Nicolas SARKOZY : "Il est légitime de se réjouir d'un résultat qu'on annonçait incertain"
E.M. : A quoi t'attendais-tu personnellement ?
P.M. : Tu connais ma nature prudente, aussi n'imaginais-je pas un tel effrondrement du PS et une aussi forte poussée de la liste conduite par Daniel COHN-BENDIT sur Paris, même si le phénomène "bo-bo" est connu de longue date, surtout dans le 20e arrondissement. En effet, les listes BARNIER et COHN-BENDIT se partagent les deux premières places dans tous les arrondissements. Sauf dans le 20ème qui se singularise encore une fois de la plus mauvaise manière !
E.M. : Comment expliques-tu cette particularité ?
P.M. : C'est fort simple à comprendre : le 20ème, -deuxième arrondissement en nombre d'électeurs inscrits-, accueille deux populations traditionnellement ancrées à gauche : les classes dites "populaires", et les "bobos". Ces deux catégories se ne fréquentent pas mais votent dans le même sens.
On dit même que le 20ème arrondissement est un sanctuaire pour la Gauche, comme le 16ème l'est pour l'UMP.
La deuxième raison, de la faiblesse du résultat de la liste BARNIER-DATI-CAVADA, c'est la totale absence de campagne dans cet arrondissement. Pas une seule affiche n'a été apposée sur les murs , pas un seul tract n'a été distribué aux sorties de métro.
E.M. Tu affirmes donc que l'UMP n'a pas fait campagne dans le XXème ?
P.M. Attention ! Je tiens à préciser ceci : sur le territoire de la 6ème circonscription qui comprend un tiers de l'arrondissement, les équipes de Jack-Yves BOHBOT ont mené une campagne militante remarquable. De même, le Nouveau Centre dont le premier candidat, Jean-Marie CAVADA, ne figurait qu'en 3ème position sur la liste, a toujours été présent sur le terrain et dans les bureaux de vote en fournissant des assesseurs.
E.M. Il y a donc un problème au niveau de l'UMP dans la 21ème circonscription !
P.M. Ce n'est pas une nouveauté...
E.M. Mais la Déléguée de Circonscription se réjouit d'un résultat que tu sembles contester.
P.M. J'ai lu son communiqué. J'en suis consterné. Manifestement cette personne ne sait pas compter et substitue ses rêves aux réalités électorales. Comme nous l'avons évoqué au début de cet entretien, et ceci est incontestable : Le XXème arrondissement réalise le score le plus faible de la liste BARNIER-DATI-CAVADA de tout Paris. Ce n'est assurément pas un hasard.
E.M. Tout de même ce 7 juin est une grande victoire pour l'UMP
P.M. Bien entendu, et pour le Président de la République Nicolas SARKOZY et pour les partis qui composent la majorité présidentielle qui ont intelligement choisi de participer à une liste d'union pour le bénéfice de tous. Personnellement, je craignais que nous n'aurions que 3 élus, peut-être 4, considérant les résultats du scrutin municipal de 2008, notre dernière référence. Or, la liste UMP-Nouveau Centre-majorité présidentielle envoie 4 députés à Strastbourg, mais gagne un 5ème siège en la personne de Philippe JUVIN pour lequel j'ai une énorme estime.
E.M Tu es comblé alors ?
P.M. Presque. J'aurais aimé que mon ami Jean-Didier BERTHAULT puisse siéger à Strabourg lui-aussi. Mais en 9ème position, son élection était peu probable. Mais qui sait ce qui peut arriver en 5 ans ?
E.M. D'après toi, qu'est ce qui a fait le succès de la liste BARNIER ?
P.M. Le scrutin européen est très particulier et en général peu favorable à la majorité en place, mais les candidats dans toutes les circonscriptions ont mené une excellente campagne. En n'abordant QUE les sujets européens; contrairement à la Gauche qui croyait nous refaire le coup des Régionales et détourner le sens de cette élection en en faisant une opportunité pour censurer le Président de la République et le Gouvernement.
E.M. Et le PS ?
P.M. A titre personnel, je crois que le PS n'est pas sorti de la crise dans laquelle il s'enfonce semaine après semaine depuis 3 ans. Les querelles de personnes, l'absence totale d'idées et de projet et l'opposition systématique et sectaire à Nicolas SARKOZY ont lassé une bonne partie de ses sympathisants.
E.M. Au profit des Verts ?
P.M. Sans aucun doute.
E.M. C'est uen bonne nouvelle pour toi alors ?
P.M. Pas tant que ça. Lorsqu'un grand parti de gouvernement s'installe dans une crise permanente, ce sont les extrèmes qui en profitent.
E.M. Pourtant, les partis protestataires n'ont pas progressé lors de ces européennes, et le MoDem n'apparaît pas non plus comme une alternative.
P.M. C'est normal, Mr BAYROU s'était imaginé qu'il représentait 18% des électeurs français, oubliant qu'une bonne partie des voix qui s'étaient portées sur son nom en 2007 venaient du courant STRAUSS-KAHN du PS. L'illusion a pris fin, et le comportement de François BAYROU lors des derniers jours de campagne n'a sûrement pas renforcé sa popularité. François BAYROU s'est révélé sous son vrai jour. Le détournement de campagne s'est retourné contre tous ceux qui espéraient capter les impatiences et les inquiétudes des Français.
E.M. Parle moi des Verts qui sont eux aussi les grands gagnants de cette élection.
P.M. Ca ne fait pas de doute en effet. La campagne d'Europe-Ecologie est un fantastique succès. La personnalité de Daniel COHN-BENDIT et le centrage des thèmes abordés sur des questions exclusivement européennesont logiquement séduit les électeurs parisiens.
E.M. Je ne me souviens pas t'avoir entendu parler des Ecologistes en des termes si mesurés. Serais-tu sous le charme ?
P.M. Absolument pas, sois sans crainte. Mais il faut bien prendre en compte la courageuse révolution idéologique qu'ont engagé les Verts. Nous ne sommes plus à l'époque de René DUMONT et des éleveurs de chèvres du Larzac des années 70. Aujourd'hui, les écologistes ne réclament plus le retour aux voitures à cheval, ni l'éclairage à la bougie. Ce sont des personnes responsables qui ont assimilé les réalités souvent cruelles de la mondialisation et qui n'utilisnt plus le vert pour masquer des orientations marxistes-maoïstes. Il existait autrefois de vrais écologistes qui avaient pour noms Jacques-Yves COUSTEAU, Paul-Emile VICTOR, Haroun TAZIEFF, Christian ZUBER ... mais ceux-ci -qui déjà alertaient les Terriens sur les dangers que nous connaissons aujourd'hui-, n'avaient pas choisi de mener une action politique. Pendant trop longtemps, les seuls "écologistes" connus du grand public étaient les militants anti-nucléaire et les pitres. Désormais l'écologie et le développement durable sont des thématiques qui transcendent les clivages politiques. Le Grenelle de l'Environnement et les orientations définies par le président OBAMA sont le parfait exemple de cette conscience raisonnable et universelle des enjeux qui déterminent l'avenir de la planète.
E.M. Nicolas SARKOZY n'a-t-il pas envisagé de récupérer certains Verts ?
P.M. Comment le saurais-je ? Il faut lui demander. Toutefois, voir Dany-le-Rouge siéger au Conseil des Ministres à côté de Frédéric MITTERRAND aurait été savoureux. Mais je ne pense pas que l'ouverture prônée par le Président SARKOZY aille jusqu'à rendre possible une telle scène. Je doute également de l'envie de Daniel COHN-BENDIT de rejoindre un quelconque gouvernement.
E.M. Merci pour ton analyse
P.M. Merci pour ta visite.
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